L’espoir confisqué…
« Nous savons qu’à une certaine extrémité du désespoir, l’indifférence surgit et avec elle le sens et le goût de la fatalité »
Albert Camus.
Si l’élection de Barack Obama a ressuscité le rêve américain, en Algérie la révision de la constitution a enterré le rêve de toute une génération en abandonnant ce qui aurait pu être la stabilité des institutions du pays pour la prochaine décennie, voir plus. Pour le moment, ni le peuple ni son élite ne sont prêts à apporter un changement probant aux mentalités existantes.
Sid Ahmed Ghozali, ancien chef du gouvernement et président du Front Démocratique (non reconnu par les autorités publiques !) s’interroge : « Est-ce que, franchement, c’est la loi fondamentale qui empêche les Algériens de dormir ? »[1] Forcement non ! A force de le mettre à l’écart des décisions importantes, le peuple algérien les ignore. Ce peuple subit quotidiennement l’injustice et constate que personne ne respecte la loi y compris ceux « qui ont fait serment, la main sur le Coran, de respecter la Constitution[2]» !
Comment expliquer que le Président de
Comment voulez-vous que les gens respectent le code de la route quand ils constatent que les représentants de la loi sont majoritairement corrompus ? Des témoignages concordants révèlent que lorsqu’un policier vous confisque votre permis de conduire, vous êtes obligé de lui glisser un billet de 1000 DA. Ce montant peut aller jusqu’à 5000 DA pour les taxieurs et parfois le double pour les poids lourds. Ces derniers préfèrent payer la somme demandée plutôt que d’être privé de leur outil de travail et par conséquent se retrouver au chômage pendant au moins trois mois. Ce fait est un exemple parmi tant d’autres ! En Algérie, l’injustice devient omniprésente au vu et su de tout le monde. Cependant, croyez-vous réellement que le peuple soit aveugle à ce point ?
Avec toute la richesse que représente le pétrole algérien, le gouvernement se permet encore de demander au peuple de se serrer la ceinture ! Ils continuent de raconter des balivernes du style : « Tout va bien, on gère à merveille les recettes publiques, continuez à faire vos devoirs, mais surtout n’oubliez pas de mettre vos droits aux calandres grecques, car quoi que vous fassiez, c’est nous qui décidons de vos droits. ». Il semble que, de leur point de vue, notre peuple n’est toujours pas mature pour exercer ses droits de citoyen. Mais qui sont ces « ils » ? Je vous laisse deviner…
Avant même de se pencher sur son contenu, la façon dont les événements relatifs à la révision constitutionnelle se sont déroulés est très inquiétante. Même Poutine, ex-Président de
L’Algérie détient un record du monde : la durée de la révision n’a duré que 13 jours ! Qui dit mieux ? Forcément, sans débat, ça prend beaucoup moins de temps ! Surtout après avoir acheté la voix des parlementaires on multipliant leur salaire (pourquoi faire ? Pour chauffer les chaises des deux assemblées ?) La télévision, principal média, n’a même pas invité un seul opposant à cette révision, ce qui aurait pourtant donné à l’Etranger l’image d’un pays démocratique. Au lieu de cela, l’ENTV sert-elle à nous duper ? En effet, on nous sert à volonté l’image d’un Président en bonne santé qui accueille ses hôtes avec un sourire rassurant et bienveillant ; ses ministres sont à ses côtés, fidèles au poste depuis une décennie. Résultat : la télévision algérienne a déjà commencé à nos farcir le cerveau avec les associations et les partis de la coalition qui demandent à l’actuel président de se présenter pour un troisième mandat à 71 ans ! Le peuple est-il d’accord ? Le peuple est-il complice ? Le peuple ne sait-il plus sur quel pied danser ?
...Peut-on espérer voir en Algérie s’élever une opposition unie qui présentera un seul candidat comme l’on fait les Vénézuéliens devant Chavez ? Est-il possible d’envisager un système politique où l’honnête citoyen sera entendu et respecté ? Nous en aurons sans doute la réponse dans un an, une décennie, un siècle…
Que reste-t-il à faire ? C’est être fidèle à soi-même, comme l’a écrit Albert Camus dans le Soir républicain en décembre 1939 : « Pour montrer du courage, on n’a pas besoin de prendre des armes. Souvent il est exigé de nous, dans le cours de notre vie, un plus grand courage, celui de rester fidèle à nos convictions en nous mettant au-dessus du jugement du monde ».
Yazid HADDAR.
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