(Cf. plus bas, en annexe, le texte du recours en justice de Zied El Heni à l’encontre de l’ATI)
Je dois admettre que l’une des choses qui me mettent en permanence hors de moi, ce sont ces complaintes permanentes de nos «hommes politiques patentés » issus des forces démocratiques devant les ONG internationales, sans pour autant que le nécessaire ne soit fait localement. C’est mon appréciation en tout cas. Et pour que mes propos ne soient pas mal interprétés, ce n’est pas les dénonciations en tant que telles, auprès des ONG qui me choquent - les ONGs sont faites pour cela et les dénonciations se doivent d’être faites - mais que ces dénonciations soient effectuées SANS QUE SUR LE PLAN LOCAL il n’y ait d’actions réellement efficaces pour restaurer la suprématie de la loi Tunisienne. Je suis un citoyen tunisien qui aspire à être, d’abord et surtout, sous la protection de la loi de son pays. Et la nationalité tunisienne, la seule que j’ai d’ailleurs, n’a de sens à mes yeux qu’au travers du statut de citoyen qu’elle m’octroie. Tout le reste n’est que démagogie et nationalisme mal placé, voire pervers lorsqu’il est distillé pour enivrer les foules. Je ne suis pas Tunisien pour faire allégeance à un président, à un monarque où à un chef de parti, mais pour faire allégeance à loi votée dans les formes du régime démocratique et républicain garantissant ma citoyenneté. Si les miens se sont battus pour nous sortir du statut du protectorat et du système des protections consulaires, ce n’est pas pour qu’aujourd’hui l’on se remette uniquement aux ONG et aux instruments internationaux. Ils ne peuvent être qu’un plus pour consolider l’ensemble de l’édifice des garanties fondamentales. Et de ce point de vue, je demeure un pur produit de la philosophie destourienne -dans sa branche libérale- du mouvement national.
A mes yeux, ce recours près du Tribunal de Tunis tendant à faire condamner l’ATI pour ses pratiques scandaleuses vaut mille fois plus que les quelques discours creux de ceux qui aspirent un jour à gouverner en nos noms afin de changer le cours des choses.
Remarque… il faut avouer qu’il n’y a pas beaucoup de discours politiques qui me soient adressés dans mon langage. Pour l’anecdote, et je pense que cela mérite d’être mentionné, je n’au jamais JAMAIS entendu la SG de l’un des partis politiques des forces démocratiques, en l’occurrence Maya Jribi, parler en Tunisien. C’est quand même un comble que Maya Jribi, pour laquelle d’ailleurs j’ai beaucoup de sympathie, aspire à gouverner en mon nom, alors même que je ne l’ai jamais entendu parler mon langage dans sa forme quotidienne, c’est-à-dire en « derja tounsia». Et je ne compte pas parmi les plus exigeants, puisque, contrairement à d’autres, et sauf quelques rares exceptions, je n’utilise presque pas le dialecte tunisien lorsqu’il s’agit de m’exprimer par écrit. Et quand je pense qu’il a suffi à un journaliste d’un support gouvernemental de prononcer le mot « 3mmar 404 » (avec toute l’ironie et la sensibilité tunisienne qui s’y rattachent), pour que ce dernier soit repris sur un nombre considérable de blogs ! En quelques jours, la mention de cet article sur les blogs tunisiens a dépassé de loin toutes les mentions du PDP et des personnalités des forces démocratiques toutes réunies ; et ce, depuis l’avènement de la blogosphère tunisienne. C’est dire que ce modeste mot, à lui tout seul, a trouvé sont chemin vers les tunisiens qui “sévissent” sur internet largement plus que toute la littérature de nos politiques ! Juste un mot prononcé de surcroît sur un journal, le moins que l’on puisse dire, handicapé par le peu d’estime que lui porte la jeunesse tunisienne.
Aussi, à défaut de trouver mon bonheur dans les projets et discours des partis démocratiques tunisiens, je me cantonne aux actions exemplaires de la société civile, laquelle, il faut l’admettre, envoie depuis quelque temps de sévères claques à nos chers postulants pour parler en nos noms. Quand je vois ce que cette société civile est en train d’entreprendre, à l’instar de ce qui s’est produit à Gafsa, puis avec Facebook, quand j’observe le travail fabuleux effectué par Anouar Kousri et par nombre de Tunisiens qui agissent dans leurs coins, je me demande à quoi peuvent bien servir nos partis démocratiques? Et en particulier, je réalise à quel point Ahmed Najib Echebbi s’était éloigné de l’essentiel lors de l’annonce de sa candidature à la présidentielle. Une annonce si éloignée, tant de mes préoccupations que du simple Tunisien que je suis.
Entre ton recours en justice Zied (1) et ce dernier paragraphe du texte de l’annonce de la candidature de A. N. Chebbi, tout est dit… (2).
“وإني إذ أتوجه بجزيل الشكر وبعبارات العرفان التقدير إلى مناضلي ومناضلات الحزب الديمقراطي وإلى الشخصيات الوطنية التي تبنت ترشحي في إطار “النداء من أجل بديل ديمقراطي” الذي أصدرته اليوم، أتعهد لهم جميعا بالعمل بكل جد وإخلاص وفي تنسيق وتشاور دائمين معهم على تحقيق هذه الأهداف والقيام بحملة مشرفة في نطاق القانون وأخلاق التنافس النزيه حتى نوفر للشعب التونسي حق الاختيار الحر لمن ينوب عنه في الحكم فتحرر طاقاته الإبداعية ويواجه التحديات المحيطة به بهمة واقتدار.” (A. N. Chebbi, 13 fevrier 2008)
Astrubal, le 11 septembre 2008
http://astrubal.nawaat.org
www.nawaat.org
(1) - Outre pour des subtilités juridiques, évidemment je ne me fais aucune illusion sur le sort de ce recours. Mais, c’est un début et la symbolique citoyenne et très forte.
(2) - Evidemment je ne je parle qu’en mon nom et exprime ce qui me touche ou ce que je regrette. Et que mes préoccupations ne soient pas forcément partagées par tous les Tunisiens, quoi de plus normal. Tout au plus, et en ce qui me concerne, j’essaye de faire savoir que mon suffrage de citoyen et mon soutien ne se donnent pas sur un blanc-seing. Mais qu’il va falloir venir les chercher depuis l’arène publique où a lieu une communication à double sens, et surtout pas depuis cette hideuse estrade des monologues à sens unique (pardon pour le pléonasme) !
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